Prélude. — Par le Prélude même, nous sommes de suite initiés à tous les grands motifs symboliques de la religion du saint Graal.
Le premier son qui émerge des profondeurs de « l’abîme mystique », un simple la bémol grave de la 4e corde des 32 violons, dans un mouvement démesurément lent, ce son « désorientant » en ce qu’il semble surgir à la fois de tous les points de la salle, est la note initiale du mystérieux motif de La Cène,
[partition à transcrire]
motif d’une ampleur inouïe dans sa calme et majestueuse
simplicité ; d’abord présenté à découvert, sans aucune
espèce d’accompagnement, il est aussitôt répété
harmonisé par d’enveloppants arpèges auxquels la harpe
apporte son caractère hiératique.
Après un long silence, le même motif reprend, mais en mineur cette fois, ce qui lui communique une extraordinaire expression de souffrance, encore plus pénible lorsqu’elle est soulignée par l’harmonisation.
Nouveau silence, très long ! Ces silences solennels sont prodigieusement éloquents et expressifs ; on sent que