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Dans d’autres cas, plus rares, le Leit-motif revêt une forme harmonique invariable ; seules alors pourront changer la structure rythmique et les combinaisons instrumentales ; j’en donnerai comme exemple l’Harmonie du Voyageur, l’Harmonie du Casque (Tarnhelm), l’Harmonie du Sommeil éternel dans la Tétralogie ; l’Harmonie du Cygne dans Lohengrin et Parslfal ; l’Harmonie du Songe dans les Maîtres Chanteurs.

Encore plus rarement la caractéristique du motif est son rythme persistant, comme dans le motif de la Forge, de Siegfried, comme dans la Chevauchée, encore.

Quelle que soit celle de ces catégories (mélodique, harmonique, rythmique) à laquelle ils appartiennent, les Leit-motifs se présentent toujours à l’auditeur sans exiger d’effort d’attention ou de recherche de sa part ; Wagner les met constamment en relief d’une façon quelconque, les souligne en quelque sorte, les répète s’il le faut, et ils ne peuvent passer inaperçus que dans le cas où ils n’ont pas une importance réelle. C’est donc une erreur de se torturer l’esprit à les chercher ; ils viennent vous prendre eux-mêmes pour peu que vous sachiez en quoi ils consistent, dès que vous vous intéressez à l’action dramatique. Ce sont de véritables guides, des conducteurs précieux qui expliquent et commentent les situations, ne vous laissent pas vous égarer en des suppositions erronées, et apportent au scénario une clarté analogue à celle d’une légende placée sous un dessin.

Plusieurs formes de motifs typiques semblent hanter spécialement Wagner et s’offrir à son esprit à diverses occasions : tels les deux accords par lesquels il représente le Cygne, aussi bien dans Lohengrin que dans Parsifal. Et quoi de plus naturel ? N’est-ce pas toujours le Cygne du Graal ? Sans quitter les mêmes ouvrages, on peut obser-