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encore, mais en pure perte : le charme transformateur commence à opérer, le rire sinistre s’empare d’elle, se résolvant subitement en un cri de douleur, puis elle disparaît tout à coup pour aller accomplir sa mission maudite, et avec elle s’évanouit la lueur violacée qui l’enveloppait. Pendant ce temps, Klingsor voit, de son poste d’observation, la troupe damnée des chevaliers par lui ravis au Graal se précipiter sur Parsifal, qui les met rapidement hors de combat, puis le sorcier disparaît ainsi que sa tour, qui s’abîme dans les profondeurs du sol, laissant la place à des jardins enchantés, remplis d’une végétation luxuriante, de plantes tropicales, de fleurs géantes et fantastiques. Au fond s’élève un château dans le style oriental, dominant plusieurs étages de terrasses.

Deuxième tableau. — Parsifal, debout sur la muraille qui, seule, subsiste du décor précédent, considère avec étonnementle spectacle qui s’offre à ses yeux. Soudain, du palais et des bosquets, sortent en désordre les Filles-Fleurs, les jeunes et belles enchanteresses que Klingsor a créées pour la perdition des chevaliers du Graal, et qui accourent en déplorant les désastreux effets du combat entre leurs compagnons et le jeune héros. Elles maudissent tout d’abord Parsifal ; mais, après avoir constaté qu’il ne leur veut aucun mal, elles essayent sur lui le pouvoir de leurs charmes et cherchent à le séduire, oubliant pour lui les preux qu’elles ont déjà asservis et damnés.

Elles se dissimulent tour à tour dans les massifs pour y revêtir des costumes leurdonnant l’aspect de gracieuses fleurs vivantes, et, entourant le jeune homme, elles se disputent sa conquête, se faisant lascives et troublantes, pour le mieux gagner ; mais c’est en vain, car il les repousse résolument et veut les fuir. — Alors on entend une voix sortant d’un bosquet et appelant doucement : « Par-