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celle de vie, s’y refuse et somme son fils de remplir sans tarder son devoir. Amfortas, au comble de l’angoisse, invoque la pitié des assistants, supplie le Créateur de mettre fin à ses douleurs physiques, à ses souffrances morales, mille fois plus cruelles encore : il subit toutes les tortures qu’a endurées le Seigneur sur la croix ; il voit comme lui s’écouler tout son sang par la blessure que rien ne peut faire refermer, et son cœur est ulcéré de honte et de remords en se voyant, lui si indigne, inflexiblement désigné pour accomplir le divin sacrifice.

Mais il supplie en vain : la voix de Titurel se fait entendre de nouveau, ordonnant qu’on découvre le Graal. Les enfants dévoilent la châsse et en retirent le calice, qu’ils placent devant l’officiant. Amfortas s’abîme dans une ardente prière en s’inclinant devant la coupe sainte ; il célèbre la Cène, la cène mystique du Montsalvat ; une ombre épaisse envahit la salle, et un rayon de lumière surnaturelle, descendu de la coupole, vient embraser le vase sacré d’une lueur pourpre et éclatante. Amfortas alors, transfiguré par la foi, élève le Graal devant toute l’assistance pieusement agenouillée. Peu à peu les ténèbres se dissipent, l’éclat du calice pâlit, et lorsque le roi l’a déposé sur la table, lorsque le jour est revenu par degrés, on aperçoit toutes les coupes pleines de vin, et un pain est à côté de chacune d’elles. Les chevaliers prennent place autour des tables, pendant que des voix d’adolescents se font entendre, célébrant les louanges du Très-Haut en un cantique d’actions de grâces.

Gurnemanz veut faire asseoir Parsifal à ses côtés ; mais celui-ci, absorbé dans son ravissement, ne comprend pas l’invite : depuis son arrivée il est resté immobile, debout, tournant le dos aux spectateurs et comme stupéfié.

Les chevaliers, après avoir communié sous les deux