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suite, s’étant égaré, il a eu à se défendre contre des animaux sauvages et contre des hommes pleins de force ; mais dans sa naïveté il ne s’est même pas rendu compte des méchantes intentions de ces hommes à son égard. — Kundry alors lui apprend que, dans une de ses courses désordonnées, elle a rencontré Herzeleïde succombant au chagrin que lui causa la disparition de son fils, et qu’elle l’a vue expirer sous ses yeux. Parsifal, hors de lui à cette nouvelle, se précipite sur Kundry et l’étranglerait sans l’intervention de Gurnemanz, qui délivre la malheureuse. L’inconscient semble alors regretter sa violence ; il est saisi d’un tremblement et va se trouver mal ; mais Kundry s’est déjà élancée vers une source voisine et, rapportant de l’eau fraîche dans une corne, le soigne et le ranime.

Gurnemanz approuve cet acte de pardon et de charité ; mais l’étrange créature se détourne avec tristesse, repoussant cette approbation ; elle demande seulement à se reposer de l’immense fatigue par laquelle elle se sent envahie, et, pendant que le digne chevalier s’occupe de l’adolescent, elle se traîne vers un buisson voisin pour y dormir. Soudain l’idée de ce sommeil impérieux, angoissant, qui précède toujours pour elle l’odieux enchantement, la révolte ; elle lutte et veut s’y soustraire : mais la force mystérieuse l’emporte sur sa résistance, et elle tombe inanimée derrière le buisson, où elle reste inerte et invisible.

Pendant ce temps on perçoit du côté du lac le mouvement des chevaliers et des écuyers accompagnant le retour d’Amfortas au palais après son bain. Gurnemanz, soutenant la marche encore chancelante de Parsifal, s’apprête à le conduire au Burg sacré, où il le fera assister au repas mystique des serviteurs du Graal. Qui sait si cet innocent, providentiellement guidé dans les chemins