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point venue au secours du prince infortuné ? Kundry reste silencieuse à cette question, et Gurnemanz, se plongeant de nouveau dans ses pensées douloureuses, retrace à ses jeunes compagnons toutes les phases de l’humiliante défaite.

Ses auditeurs lui demandent ensuite de les instruire sur les orimnes du Graal : il leur en fait une longue narration, au cours de laquelle Kundry, toujours étendue sur le sol, manifeste une violente agitation, et il termine en leur révélant la promesse consolante venue d’en haut, qui soutient seule le courage du prince si éprouvé.

À peine a-t-il achevé son récit, que des cris se font entendre du côté du lac : ce sont des chevaliers qui ont aperçu un cygne sauvage, hôte respecté de la contrée et aimé du roi, qui vient d’être blessé par une main inconnue. L’animal, battant de l’aile, vient tomber expirant sur le sol, tandis que des écuyers, ayant découvert le meurtrier, l’amènent à Gurnemanz, qui l’interroge sur son inutile cruauté et la lui reproche paternellement.

Le coupable, Parsifal, est un adolescent qui semble inconscient de l’acte qu’il vient de commettre. Il ne sait dire ni son nom ni dans quelle contrée il a vu le jour ; il se rappelle seulement que sa mère se nommait Herzeleïde (Cœur-Brisé), et qu’il vivait avec elle parmi les forêts et les plaines sauvages. — C’est Kundry qui, après avoir observé attentivement le jeune innocent, complète les renseignements qu’il a si imparfaitement donnés : il a vu le jour après la mort de son père Gamuret, tué dans un combat ; et sa mère, espérant lui épargner le même sort, la élevé loin des humains et de leurs luttes. — Parsifal se souvient alors qu’un jour, ayant vu passer des hommes brillamment armés, montés sur de nobles bêtes, il a vainement cherché à les atteindre, puis que, dans sa pour-