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sacré qu’abrite la forêt, le soulagement bienfaisant de ses ondes fraîches ; en vain que des régions les plus éloignées ses chevaliers lui rapportent des baumes précieux.

Un jour où, prosterné devant le tabernacle, il implorait la pitié du Seigneur, il entendit une voix céleste prophétisant la guérison de sa blessure et le rachat de ses fautes par un Être tout de pureté et de miséricorde, un Chaste, un Simple, qui viendrait rendre au Graal son éclat immaculé et, après avoir ravi aux mains criminelles de Klingsor la lance profanée, la rapporterait au sanctuaire, où un seul de ses attouchements cicatriserait la plaie jadis faite par elle au prince oublieux de sa sainte mission.

Ce chaste fou, ce héros plein de compassion pour les douleurs d’autrui, ce sera Parsifal, le prédestiné que les desseins de la Providence auront amené par des chemins mystérieux jusqu’au Montsalvat, en le lançant à la poursuite d’un cygne sacré ; qui, ayant assisté au sublime sacrifice, ayant été témoin de la détresse morale et physique d’Amfortas, aura senti son âme éclairée d’une céleste lumière, compris quelle tâche auguste et régénératrice lui était réservée, et conçu du péché une sainte horreur, qui le préservera des embûches infernales que Klingsor lui tendra à son tour avec l’aide de son âme damnée, son esclave Kundry, dont il a fait la vassale de ses criminelles volontés.

Cette figure étrange de Kundry, créée de toutes pièces par Wagner, apparaît tour à tour comme la servante passionnément dévouée des chevaliers du Graal quand elle est livrée à sa propre nature, ou comme leur ennemie acharnée, l’instrument de leur déchéance, lorsque, subissant malgré elle le magique ascendant de Klingsor, elle se transforme en une femme « effroyablement belle » et de-