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Seul le fleuve, à l’arrière-plan, est éclairé par le brillant reflet de la lune.

Scène iii. — Gutrune sort du palais endormi et silencieux, attendant, inquiète, le retour de son époux et de son frère ; elle est envahie par de sombres pressentiments. Le rire enfiévré et sinistre de Brünnhilde a interrompu son sommeil. Est-ce cette femme qu’elle a vue dans le lointain se diriger vers le fleuve ? Elle s’assure en effet que Brünnhilde a quitté ses appartements, et elle est sur le point de rentrer dans le palais ; mais elle entend la voix de Hagen qui la glace d’effroi. Voici le retour des chasseurs : comment n’entend elle pas le son éclatant du cor de Siegfried ? Elle interroge Hagen, qui d’abord lui dit que son époux revient et de se préparer à le saluer, puis lui apprend brutalement que le héros ne fera plus entendre sa joyeuse fanfare, car il a trouvé la mort dans un combat contre un sanglier furieux.

Le funèbre cortège arrive à ce moment, et toute la foule des serviteurs se presse, apportant des torches et des brandons. Les chasseurs, parmi lesquels se trouve Gunther, déposent le corps au milieu de la salle. La consternation est générale. La malheureuse Gutrune tombe évanouie en voyant sans vie celui qu’elle aimait. Gunther veut la relever ; mais, revenant à elle, elle repousse avec horreur son frère, qu’elle accuse d’avoir assassiné son époux. Gunther se disculpe et dévoile alors le crime de Hagen, qu’il maudit et voue au malheur et à l’angoisse. Le traître s’avance impudemment et proclame avec hauteur son acte odieux ; il exige comme droit de dépouille la bague qui brille au doigt du héros. Gunther lui défend de toucher à l’héritage de Gutrune. Hagen le menace, ils dégainent tous deux, et Gunther, frappé par l’épée de son frère, tombe mort à ses pieds. L’assassin veut alors s’em-