Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ses douces extases ; car la vie sans l’amour, il s’en soucie comme de ceci (en prononçant ces paroles, il prend une motte de terre, qu’il jette au loin) ; mais ce n’est pas devant des menaces qu’il cédera jamais, car la peur lui est inconnue.

Les Ondines, le voyant sourd à leurs exhortations, renoncent à convaincre un insensé qui n’a pas su conserver et apprécier le bien le plus précieux qui lui était échu, l’amour de la Walkyrie, et ignore même avoir gaspillé son bonheur tandis qu’il s’acharne à la possession du talisman qui le voue à la mort. Mais, heureusement pour elles, aujourd’hui même son héritage passera aux mains d’une noble femme qui, elle, écoutera leurs prières et y fera droit. Elles se hâtent d’aller la trouver. — Siegfried les suit de l’œil en souriant et en admirant leurs ébats gracieux.

Scène ii. — Des fanfares de chasse se font entendre au loin et se rapprochent peu à peu ; le jeune chasseur répond joyeusement de son cor d’argent. Gunther et Hagen descendent la colline avec leur suite. Les serviteurs préparent le repas, tandis que les chasseurs s’étendent à terre et se mettent à boire en causant. Siegfried, tout en confessant qu’il a fait une chasse nulle, raconte, insouciant, sa rencontre avec les sœurs, qui lui ont prédit sa mort pour le jour même, Gunther se trouble et regarde furtivement Hagen, qui demande à Siegfried de lui parler du temps où, dit-on, il savait converser avec les oiseaux. — Mais le héros a cessé depuis longtemps de comprendre leurs gazouillements, auxquels il préfère maintenant de douces paroles de femme. Hagen insiste, ainsi que Gunther, pour connaître cette aventure. Siegfried leur retrace alors son enfance dans la forêt en compagnie de Mime, le gnome astucieux dont il a mis à néant les noirs projets, son combat contre Fafner à l’aide de Nothung, sa vaillante épée,