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que le héros vient dans leurs parages. Elles plongent pour aller délibérer entre elles, quand Siegfried, armé de toutes pièces, apparaît sur la hauteur, égaré dans la campagne à la poursuite du gibier.

Les Ondines reparaissent, interrogent le chasseur et lui offrent de lui retrouver l’ours qui s’est dérobé à ses coups, s’il veut leur abandonner en échange l’anneau d’or qu’il a au doigt.

Il refuse la proposition des Nixes : donner un bien conquis au prix d’un combat terrible avec le dragon Fafner, jamais ! Elles le taquinent, se moquent de son avarice et de la crainte qu’il a, lui si beau, si fort, d’être battu par sa femme si elle s’apercevait de l’absence de la bague, et elles disparaissent de nouveau sous les flots. Siegfried, ébranlé par ces railleries, se décide presque à leur offrir le joyau auquel il tient si peu ; il les rappelle ; mais les trois sœurs, qui se sont concertées et sont devenues graves, lui conseillent de conserver l’anneau jusqu’à ce qu’il comprenne la malédiction qui y est attachée ; alors il le leur abandonnera avec joie. Elles savent de funestes choses concernant Siegfried : son anneau maudit, fait avec l’or du Rhin, voue au malheur, par l’anathème de celui qui l’a forgé, quiconque s’en rendra possesseur. Comme Fafner a péri, il périra lui-même, à moins qu’il ne rende le joyau aux gouffres du fleuve ; seuls ses flots auraient le pouvoir d’annuler la malédiction, cette malédiction que les Nornes ont tressée dans le câble du destin. Siegfried ne se laisse pas troubler par ce qu’il regarde comme de vaines menaces ; il n’attache aucune foi au récit des nymphes et bravera les prophéties alarmantes des Nornes, dont Nothung saura, au besoin, trancher la corde. Cet anneau lui assure, dit-on, l’empire du monde : il le donnerait volontiers aux gracieuses Nixes si elles lui offraient, en échange, l’amour