Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crent une douce brebis à Fricka, pour qu’elle accorde aux nouveaux époux un heureux hymen.

Les vassaux, entraînés par les gaies paroles de Hagen, habituellement sombre et farouche, se réjouissent et jurent protection à leur future souveraine.

Scène iv. — La barque amenant Gunther et Brünnhilde vient d’atterrir. Le guerrier en sort avec sa triste fiancée, qui se laisse conduire, pâle et les yeux baissés. Il la présente aux vassaux, qui l’acclament joyeusement, puis à Gutrune et à son futur époux.

Brünnhilde, en voyant Siegfried, reste muette d’épouvante et s’arrête en le regardant fixement ; lui, inconscient de ce qui se passe dans l’âme de l’infortunée, supporte avec calme son regard ; elle est sur le point de défaillir, Siegfried froidement la soutient ; elle aperçoit l’anneau au doigt du parjure ; alors elle se redresse avec violence et demande comment la bague que lui a arrachée Gunther et qu’il dit être le gage de leur union est en la possession dun autre. Le fils de Gibich se trouble et ne sait que répondre. Siegfried, perdu dans sa rêverie en contemplant l’anneau, se souvient seulement qu’il l’a conquis jadis dans sa lutte avec le dragon ; il l’affirme loyalement. Hagen, se mêlant au débat, feint de soupçonner le Wälsung de trahison et engage Brünnhilde à la vengeance ; celle-ci, en proie à une douleur et une révolte suprêmes, déclare Siegfried fourbe et infâme ; elle accuse les dieux de tous les maux qui l’accablent et repousse Gunther qui cherche à la calmer, le reniant pour son époux et désignant le fils de Wälse comme celui à qui elle s’est donnée, corps et âme.

L’émotion est à son comble ; Siegfried veut se disculper d’une telle traîtrise ; tous le somment de déclarer sous la foi du serment qu’il n’a point failli à la parole donnée et