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tile. Inutile de chercher à savoir de votre guide en quel endroit aurait pu avoir lieu le fameux concours des Maîtres Chanteurs, et si quelque souvenir en est parvenu aux habitants actuels de Nuremberg ; la blonde enfant reste bouche bée à vos questions et ignore totalement qu’il ait jamais existé un Hans Sachs, une corporation des Maîtres Chanteurs, et un compositeur du nom de Richard Wagner pour les célébrer ! Elle ne connaît rien en dehors de ses chers instruments de torture.

En sortant de cette lugubre tour, la visite du Burg s’impose ; non que les appartements tout modernes de décoration soient bien intéressants, mais la vue, de plusieurs fenêtres, est fort belle et étendue ; c’est surtout extérieurement que les bâtiments valent par la façon pittoresque dont ils sont campés tout au sommet de l’éminence qui domine la ville, et entourés de leur ceinture de remparts, envahie actuellement par une riche végétation et d’élégants jardins. Du pied de ces remparts une galerie souterraine vient aboutir à un puits très profond dont on vous montre l’orifice à l’entrée du Burg.

Il faut aussi visiter la vieille ville dans ses recoins, admirer ses belles fontaines avec leurs grilles de fer forgé, parcourir ses fortifications en partie couvertes, formant chemin de ronde et curieusement parsemées de tours, tourelles et clochetons de toutes les formes et de toutes les grandeurs ; les différents ponts sur la Pegnitz, dont plusieurs encore couverts de maisons, qui offrent des points de vue très pittoresques… Mais ce qui nous touche particulièrement, c’est que Nuremberg est la patrie de notre bon Hans Sachs, le héros des Maîtres Chanteurs, qui y naquit en 1494 pour y mourir en 1576. On ignore sa valeur en tant que cordonnier, mais comme poète il est certain qu’il fut d’une rare fécondité, car on évalue à