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chemin par lequel ils vont fuir, lorsque Sachs, qui les guettait de l’intérieur de sa boutique, projette vivement sur eux la lumière de sa lampe à travers la porte grande ouverte.

Scène vi. — Les deux fugitifs ainsi éclairés ne savent à quoi se résoudre : prendre par la rue, c’est risquer de rencontrer le veilleur ; s’aventurer dans la ruelle sous les regards du cordonnier est impossible. Walther veut aller éteindre la lampe du voisin gênant, mais apprend avec étonnemeat qu’il n’est autre que ce Sachs qui l’a si bien défendu le matin même et qui, lui dit Eva, le dénigre maintenant tout comme les autres.

Sur ces entrefaites se présente pour eux une nouvelle difficulté, sous les traits disgracieux de Beckmesser venant donner sa sérénade. L’irritation du chevalier redouble en reconnaissant son ennemi déclaré ; mais Eva le calme en l’assurant que le personnage ridicule ne saurait rester longtemps là et partira une fois sa chanson chantée. Elle entraîne son ami vers le banc, et ils se cachent tous deux derrière le buisson.

Sachs, qui, à l’arrivée de Beckmesser, avait détourné sa lampe, projette de nouveau sa lumière dans la rue au moment où le greffier commence à accorder son luth pour chanter, et, s’installant à son établi, il entonne à tue-tête un chant populaire, tout en tapant à coups redoublés sur sa forme. Le grotesque Beckmesser, furieux, cherche cependant à faire bonne contenance et entame la conversation avec Sachs pour arriver à le faire taire et chanter à son tour ; mais le malicieux cordonnier ne se prête nullement à ses combinaisons ; il feint de croire que Beckmesser est venu le presser pour la livraison d’une paire de souliers, et se met à y travailler avec ardeur, en redoublant son vacarme. Le chant qu’il a choisi a pour but