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ques et nouvelles, n’arrivera jamais à rien et peut, dès à présent, renoncer pour toujours à l’espoir d’obtenir le grade de Maître.

Eva, à ces mots, ne peut retenir son dépit ; elle se lève vivement en déclarant que si Walther ne trouve pas grâce auprès des pédants routiniers de Nuremberg, il sera certainement apprécié ailleurs près des cœurs chauds, ardents et accessibles au progrès. Puis, sans plus attendre, elle s’éloigne avec Madeleine, qui est venue l’appeler à voix basse.

Le bon Sachs, à qui l’attitude de sa jeune amie a appris ce qu’il voulait savoir, la suit d’un regard pensif en la voyant partir boudeuse, et se promet généreusement de protéger de tout son pouvoir ses innocentes amours. Il s’occupe alors à fermer le vantail supérieur de sa porte, qui ne laisse plus passer qu’un mince filet de lumière pendant que les deux femmes, retirées à l’écart, discutent vivement à mi-voix. Madeleine essaye de faire rentrer Eva, que son père a appelée à plusieurs reprises ; mais la jeune fille est décidée à attendre sur la place le chevalier, qui ne peut manquer de venir et auquel elle veut absolument parler. La nourrice lui transmet alors le message de Beckmesser : ce ridicule soupirant demande à faire entendre à sa belle le chant avec lequel il concourra le lendemain, et qu’il va venir débiter avec accompagnement de luth sous ses fenêtres, ce soir même, pour le soumettre à son approbation. Eva, voulant se débarrasser de lui, envoie Madeleine se poster au balcon à sa place, à la grande désolation de la gouvernante, qui craint d’exciter ainsi la jalousie de David. Mais Eva n’écoute rien ; elle pousse sa compagne dans la maison, d’où Pogner ne cesse de l’appeler, et reste, malgré Madeleine qui cherche à l’entraîner aussi, sur le seuil, prêtant l’oreille à un