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jeune batailleur, qui, en punition de sa mutinerie, ira dormir sans avoir sa leçon de chant. Tandis qu’ils rentrent tous deux, les apprentis se dispersent, et l’on voit apparaître du côté de la ruelle Eva revenant de la promenade, appuyée sur le bras de son père.

Scène ii. — Pogner, secrètement préoccupé du concours du lendemain, du sort de sa fille, voudrait causer avec son ami Sachs, et regarde par la fente du volet si le cordonnier est encore éveillé ; la jeune fille, soucieuse aussi, sans en rien vouloir laisser paraître, garde le silence. Elle espère vaguement pour le soir même la visite de celui qu’elle aime et dont elle n’a pas eu de nouvelles depuis le matin ; aussi ne prête-t-elle qu’une oreille distraite aux propos de son père, voulant l’entretenir du tournoi qui se prépare et dont elle sera l’héroïne ; elle insiste pour quitter le banc où ils sont assis et pour regagner la maison.

Pogner passe le premier, et la jeune fille, restée sur le seuil, échange rapidement quelques mots à voix basse avec sa nourrice qui la guettait. Elle apprend de Madeleine l’échec du gentilhomme et forme le projet d’aller en cachette, après souper, demander de plus amples informations à son vieil ami Sachs. Madeleine a encore un message pour elle, de Beckmesser ; mais celui-là lui importe peu : Eva n’en prend pas note et remonte à son tour chez elle.

Scène iii. — Sachs, après avoir adressé à son apprenti quelques paroles de morale sur sa turbulence, lui fait installer près de la porte l’établi et l’escabeau et l’envoie dormir. Quant à lui, il s’installe avec l’intention d’avancer son ouvrage ; mais, à peine seul, sa rêverie l’envahit malgré lui ; il quitte son travail, et, s’accoudant au vantail de la porte, il donne le vol à ses pensées, qui se