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désigné comme a marqueur » ; c’est lui qui s’enfermera dans la chaire entourée de rideaux apportée tout à l’heure par les apprentis, pour inscrire sur le tableau noir les fautes de l’aspirant ; il s’installe dans son tribunal, après avoir souhaité la meilleure chance à son rival, accompagnant ce souhait d’une grimace ironique et mauvaise.

Walther se recueille un moment, tandis qu’un des Maîtres, Kothner, qui s’est fait apporter par les apprentis un grand tableau accroché à la muraille, lui lit les règles de la tablature qu’il va avoir à appliquer s’il veut être reçu ; puis il monte dans la chaire réservée aux candidats, et, après avoir évoqué la gracieuse image d’Eva pour se donner du courage, il entonne la première strophe de son poème musical, dont il fait un hymne à la nature, au printeujps et à l’amour.

Pendant qu’il dit le premier couplet, on entend s’agiter Beckmesser dans la loge du juge et marquer avec rage les fautes sur le tableau noir. Le gentilhomme, un instant troublé, se remet et poursuit la deuxième strophe ; mais le greffier, sans lui laisser le temps d’entamer la troisième, ouvre les rideaux et déclare d’une voix criarde que le nombre des erreurs permises est de beaucoup dépassé, qu’il a perdu et n’a plus qu’à se retirer. Il montre alors à l’assemblée le tableau tellement criblé de l’ageurs coups de craie, que tous éclatent de rire. Le débat recommence alors, plus vif que jamais ; le jaloux greffier, triomphant, pérore au milieu de ses confrères, se moquant des efforts malheureux du jeune chevalier et ralliant à son avis tous les vieux Maîtres routiniers qui n’ont pas su comprendre quelle fraîche poésie émanait de l’œuvre de Walther ; de leur côté, les partisans du gentilhomme, Pogner et Sachs, défendent la forme nouvelle qu’il a adoptée ; Sachs réclame au moins pour son protégé que l’on veuille bien