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modes déjà connus ; c’est ce qui lui vaudra le grade de poète.

Puis enfin vient la troisième et plus redoutable épreuve : l’édification d’une œuvre complète, poème et musique, dans laquelle le juge ne devra pas relever plus de sept infractions aux règles établies. Si Walther triomphe de cette difficulté dernière, honneur à lui, il recevra la couronne fleurie des vainqueurs et sera proclamé Maître Chanteur.

Les apprentis, qui pendant toute cette scène n’ont cessé de harceler et d’interrompre David, tout en aménageant la salle, ont finalement apporté au milieu du théâtre une estrade entourée de rideaux noirs ; puis ils dressent une chaire, un pupitre, et placent un tableau noir auquel est suspendu un morceau de craie au bout d’une ficelle. Accompagnés de David, ils souhaitent bonne chance au candidat, en le plaisantant et en dansant une ronde autour de lui, puis ils se reculent avec respect en voyant arriver, les uns après les autres, les Maîtres.

Scène iii. — Un des membres de la corporation, Beckmesser, personnage ridicule et antipathique, accompagne Veit Pogner et insiste auprès de lui pour obtenir la main d’Eva, qu’il convoite, mais dont il devine n’être pas aimé. L’orfèvre lui promet, sans toutefois s’engager à rien, sa bienveillance, ce qui ne suffit pas au grotesque personnage, inquiet sur l’issue de son projet ; aussi accueille-t-il à contre-cœur toute figure nouvelle venue et dévisage-t-il avec malveillance Walther lorsque le jeune chevalier s’approche de Pogner, étonné de le trouver dans la salle des délibérations, lui déclarant qu’il veut affronter l’épreuve et se faire recevoir tout à l’heure membre de la compagnie. Pogner, au contraire, est ravi à cette idée et promet un cordial appui au gentilhomme.