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il adore la jeune fille et aspire à devenir son fiancé, si toutefois elle est libre.

La nourrice est revenue sur ces entrefaites, et Éva, pour pouvoir prolonger l’entretien, l’expédie encore à la recherche d’une broche, tombée en route probablement. Le tête-à-tête se continue à souhait pour les deux amoureux, car Madeleine à son tour a oublié son livre de psaumes et s’éloigne une troisième fois. Quand elle s’approche de nouveau et qu’elle voit le chevalier, elle le remercie vivement d’avoir gardé Éva en son absence et l’invite à revenir voir maître Pogner. N’a-t-il pas été bien accueilli dès son arrivée à Nuremberg, qu’on ne l’ait plus revu ? Mais le jeune homme déplore cette visite faite à la maison de l’orfèvre, car depuis qu’il a aperçu Éva, c’est fait de son repos. La nourrice se récrie à cette déclaration faite à haute voix en plein temple, et qui va compromettre sa jeune maîtresse ; elle veut partir, mais Eva l’arrête : elle ne sait comment répondre elle-même à Walther qui demande si elle est fiancée, et désire que sa compagne parle pour elle. Madeleine, un instant distraite par la vue de son amoureux, l’apprenti David, qui sort de la sacristie, Madeleine explique alors à Walther qu’Éva est promise… sans l’être : l’orfèvre Pogner a résolu d’offrir la main de sa fille comme récompense au vainqueur du concours qui va s’ouvrir entre les Maîtres Chanteurs de Nuremberg. Personne ne connaît donc encore l’heureux élu, que du reste Éva sera libre de refuser s’il lui déplaît.

La jeune fille appuie vivement sur cette dernière partie du récit de sa nourrice et déclare avec feu à celle-ci, pendant que Walther, en proie à une grande émotion, parcourt la salle à grands pas, qu’il faut absolument qu’elle obtienne le chevalier. Elle s’est sentie à première vue gagnée par lui ; d’ailleurs ne ressemble-t-il pas à David ?…