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pour voir passer les pieux voyageurs, qui célèbrent le Seigneur et les grâces qu’il a bien voulu leur prodiguer.

Élisabeth cherche anxieusement Tannhauser parmi la sainte cohorte ; ne l’apercevant pas, elle s’agenouille dans une attitude de douloureuse résignation, pendant que la procession s’éloigne, et, dans une ardente invocation à la Mère de Dieu, où elle s’accuse des désirs profanes et des pensées mondaines qui ont jadis occupé son cœur, elle supplie la Divine Consolatrice de la rappeler à elle, de lui ouvrir le séjour des bienheureux, d’où elle pourra plus efficacement prier pour celui qui porte toujours le fardeau de son crime. Son regard illuminé est tourné vers le ciel ; elle se relève lentement, et quand Wolfram, qui l’a contemplée avec une émotion profonde, s’approche d’elle et lui demande la grâce d’accompagner ses pas, elle lui fait comprendre par un geste affectueux et reconnaissant que la route qu’elle doit prendre est celle qui mène au ciel, et que personne ne doit l’y suivre. Elle gravit lentement le sentier se dirigeant vers le château.

Scène ii. — Wolfram la regarde tristement s’éloigner, puis, resté seul, il prend sa harpe et, après avoir préludé, fait entendre un chant plein d’une mélancolique poésie, dans lequel il salue la suave étoile du soir, dont la pure lumière, éclairant la nuit profonde qui enveloppe la vallée, monlre son chemin au voyageur angoissé. À cette douce étoile, il confie celle qui va quitter à tout jamais la terre pour s’élancer dans le séjour des bienheureux.

Scène iii. — Pendant son chant la nuit est survenue ; un pèlerin excédé de fatigue, les vêtements déchirés, le visage défait, s’avance, péniblement appuyé sur son bâton ; c’est Tannhauser, en qui Wolfram reconnaît avec effroi le pécheur non pardonné. Comment ose-t-il reparaître dans la contrée ?