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heureux, c’est le retour d’un vaillant poète que des destinées mystérieuses ont longtemps retenu éloigné de la Wartburg. Peut-être ses chants révéleront-ils son odyssée… Et le généreux prince termine en proposant comme sujet de tournoi la définition de l’amour, engageant le vainqueur à oser briguer la plus haute et la plus précieuse récompense, que sa nièce Élisabeth sera heureuse d’accorder comme lui.

Les chevaliers et les dames applaudissent à sa décision, et quatre pages s’avancent pour recueillir dans une coupe d’or les noms des candidats, afin de décider de l’ordre de l’épreuve.

Le nom de Wolfram d’Eschenbach sort le premier. Tandis que Tannhauser, appuyé sur sa harpe, semble perdu dans sa rêverie, le chevalier se lève et développe sa conception de l’amour. Il le comprend pur, éthéré, respectueux, et le compare à une belle source d’eau limpide qu’il craindrait de troubler par son approche. Sa seule vue remplit son âme d’ineffables voluptés, et il préférerait verser jusqu’à la dernière goutte du sang de son cœur, plutôt que de la souiller de son contact.

Son discours terminé, il reçoit de chaleureuses approbations de l’assemblée. Mais Tannhauser, se levant vivement, combat cette définition de l’amour, qui n’est pas la sienne ; il conçoit la passion moins idéale et sous une forme plus matérielle, plus charnelle. Élisabeth, qui dans sa candeur accepte aveuglément la manière de voir de Tannhauser, fait un mouvement |)our applaudir, mais s’arrête timidement devant le maintien grave et froid de l’assemblée. Walther de la Wogelweide, puis après lui Bitterolf, prennent part au débat, exprimant les mêmes idées que Wolfram. Tannhauser, répondant avec vivacité, défend de plus en plus chaleureusement ses théories de