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— « Eh bien ! dites à Uote, à la reine puissante, que nous sommes grandement satisfaits de ce voyage. Faites connaître à mon frère comment nous avons vaincu. Apprenez aussi cette nouvelle à nos amis.

« Ne cachez rien à ma sœur si jolie. Vous la saluerez de la part de Brunhilt, ainsi que de la mienne, et dites à mes serviteurs et à tous mes hommes que j’ai accompli avec honneur ce que mon cœur désirait.

« Dites à Ortwîn, mon neveu que j’aime, qu’il fasse dresser des sièges aux bords du Rhin. Et qu’on fasse savoir à tous mes autres parents que je veux célébrer magnifiquement mes noces avec Brunhilt.

« Dites à ma sœur que, quand elle aura appris que j’ai abordé avec mes hôtes, elle reçoive gracieusement ma bien-aimée ; j’en serai toujours reconnaissante Kriemhilt. »

Le seigneur Siegfrid prit en hâte congé de la dame Brunhilt et de toute sa suite, ainsi qu’il convenait. Et le voilà qui chevauche le long du Rhin. On n’aurait pu trouver en ce monde un meilleur messager.

Il chevaucha vers Worms avec vingt-quatre guerriers. Il arrivait sans le roi ; quand cela fut su, tous ses fidèles furent remplis de douleur. Ils craignaient que leur seigneur n’eût trouvé la mort au loin.

Ils descendirent de leurs chevaux ; leur cœur était joyeux et fier ; aussitôt Gîselher, le bon jeune chef, s’approcha avec Gêrnôt, son frère. Comme il s’écria vivement dès qu’il ne vit point le roi Gunther avec Siegfrid :

— « Soyez le bien-venu, seigneur Siegfrid ; faites-moi connaître où vous avez laissé mon frère le roi. La force de Brunhilt nous l’a enlevé, j’imagine. Ainsi l’amour auquel il osait prétendre nous a causé grand dommage. »