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du Rhin. Nos messagers devraient être déjà maintenant près des Burgondes. »

Le roi Gunther répondit : — « Vous avez dit vrai. Personne ne serait plus propre que toi, ami Hagene, à accomplir cette mission. Chevauche donc vers mon pays, nul ne les instruira mieux que toi de notre expédition. »

Hagene reprit : — « Je ne suis pas un bon messager. Laissez-moi demeurer camérier et rester sur les flots. Je veillerai près des femmes sur leurs vêtements jusqu’à ce que nous les amenions au pays des Burgondes.

« Priez Siegfrid de se charger de ce message : grâce à sa force prodigieuse il saura bien l’accomplir. S’il refuse de faire ce voyage, vous le prierez gracieusement, par l’amour de votre sœur, de s’acquitter de cette mission. »

Le roi envoya vers le héros ; il vint dès qu’on l’eut trouvé. Gunther parla : — « Puisque nous approchons de mon pays, je devrais envoyer des messagers à ma sœur bien-aimée et aussi à ma mère, pour leur dire que nous approchons du Rhin.

« Je vous le demande, Siegfrid, faites suivant mon désir et je vous en serai éternellement obligé. » Ainsi parla cette bonne épée. Siegfrid refusa d’abord, l’homme très hardi, jusqu’à ce que Gunther se mît derechef à le prier.

Et lui dît : — « Vous chevaucherez pour l’amour de moi et aussi pour Kriemhilt, la belle vierge, qui vous remerciera avec moi, la femme charmante. » Quand Siegfrid entendit cela, il fut bientôt prêt.

— « Demandez ce que vous voulez, je ne vous refuserai rien. Je l’accomplirai au nom de la belle vierge. Comment refuserais-je quelque chose à celle que je porte en mon cœur. Pour elle, tout ce que vous commanderez est fait. »