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par sa barbe grise cet homme déjà vieux et l’entraîna avec tant de violence qu’il en cria rudement. L’action du jeune guerrier faisait souffrir Albrîch.

Le nain hardi s’écria à haute voix : — « Laissez-moi sauf. Et s’il ne m’était pas interdit de devenir l’homme-lige d’un autre que d’un héros à qui j’ai juré d’être son serviteur fidèle, je vous servirais avant de mourir. » Ainsi parla l’homme rusé.

Siegfrid lia aussi Albrîch comme le géant, et par sa grande force il lui faisait beaucoup de mal. Le nain se prît à demander : — « Comment vous appelle-t-on ? » — L’autre répondit : — « Je m’appelle Siegfrid ; je croyais être bien connu de vous. »

— « Je me réjouis de l’apprendre, dit le nain Albrîch, j’ai éprouvé par vos hauts faits que c’est avec juste droit que vous êtes le chef de ce pays. Je ferai ce que vous m’ordonnerez, si vous me laissez sauf. »

Le seigneur Siegfrid parla : — « Vous irez en hâte et m’amènerez les meilleurs de nos guerriers, mille Nibelungen ; qu’ils sachent que je suis ici. Je ne veux point vous faire souffrir.

Il délia le géant et Albrîch. Albrîch courut vite là où étaient tes guerriers et il éveilla avec soin les Nibelungen et dit : — « Debout, héros ! il vous faut aller vers Siegfrid. »

Ils bondirent de leurs couches et furent bientôt prêts. Mille guerriers rapides s’habillèrent soigneusement et se rendirent là où se trouvait Siegfrid. On échangea de gracieuses salutations en paroles et en actions.

Maintes lumières furent allumées ; on lui versa une boisson purifiée. Puis, les remerciant tous d’être sitôt ve-