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Quand elle vit le héros à l’autre extrémité du cercle hors de danger, elle dit à demi-voix à ceux de sa suite : — « Approchez vite, vous mes parents et mes hommes, vous allez devoir vous soumettre tous au roi Gunther. »

Alors ces braves déposèrent leurs armes. Maint homme hardi se mit aux pieds de Gunther, le puissant roi du pays des Burgondes. Ils croyaient qu’il avait jouté avec ses seules forces.

Il les salua gracieusement, car il avait beaucoup de qualités. La vierge digne de louanges le prit par la main et lui accorda tout pouvoir sur sa terre. Les guerriers vaillants et impétueux s’en réjouirent.

Elle pria le noble chevalier de se rendre avec elle dans son palais magnifique. Là on servit mieux les guerriers. La colère de Dancwart et de Hagene s’apaisa.

Siegfrid le rapide était prudent : il se hâta de reporter sa Tarnkappe. Puis il revint là où maintes femmes étaient assises, et lui et les autres guerriers oublièrent leurs soucis.

— « Qu’attendez-vous, Seigneur ? Quand commencerez-vous les jeux que la reine vous propose en si grand nombre ? Faites-nous voir comment vous les accomplirez !

» — L’homme rusé feignait ainsi de n’avoir rien vu. La reine parla : — « Comment se fait-il, seigneur Siegfrid, que vous n’ayez point vu les jeux qu’a accomplis la main de Gunther ? » Hagene, du pays des Burgondes, lui répondit :

— « Tandis que vous étonniez notre courage et au moment où le chef du Rhin l’emportait sur vous dans la joute, Siegfrid, le brave héros, était près du vaisseau. De là vient qu’il ne sait rien. » Ainsi parla l’homme de Gunther.

— « C’est pour moi une bonne nouvelle, dit Siegfrid la