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Ce bouclier d’acier et d’or que la vierge allait porter, était épais — cela nous a été conté ainsi — de trois empans à l’endroit des boucles. C’est à peine si quatre de ses camériers le pouvaient porter.

Lorsque Hagene vit apporter ce bouclier, il s’écria avec colère, le héros de Troneje : — « Eh bien ! roi Gunther, nous laisserons ici notre corps ! Celle à laquelle votre amour ose prétendre, c’est la femme du diable ! »

Apprenez-en plus encore sur ses vêtements : elle en avait de si magnifiques ! Elle portait une cotte d’armes de soie d’Agazouc très noble et très riche. Maintes pierres étincelantes jetaient sur la reine l’éclat de leurs feux.

Voilà qu’on apporte à la vierge une pique lourde et grande, large, énorme, forte, invincible et dont le tranchant coupait terriblement. C’était celle dont elle se servait toujours.

Écoutez les merveilles qu’on raconte du poids de cette pique : elle était forgée de quatre énormes masses de fer. Trois hommes de Brunhilt avaient peine à la porter. Le noble Gunther commença d’en prendre de l’inquiétude.

Il pensa en lui-même : « Que va devenir ceci ! Par le diable de l’enfer, qui pourrait soutenir cette lutte ? Que ne puis-je retourner en vie vers le Rhin, elle serait pour longtemps délivrée de mon amour ? »

Sachez-le bien, il était plein de soucis. On lui apporta toutes ses armes. Le roi puissant était bien armé. D’inquiétude Hagene avait presque perdu la raison.

Le frère de Hagene, le brave Dancwart, parla : — « Je me repens intérieurement de ce voyage. On nous appelait des héros et nous devrions perdre la vie, et des femmes, dans ce pays, nous feraient périr !