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Et plus d’une jeune fille digne d’amour se tenait aux fenêtres. Un fort vent enflait la voile de la barque. Les fiers compagnons d’armes étaient emportés sur les flots du Rhin. Voilà que le roi Gunther parla : — « Qui sera le pilote ? »

— « Moi, dit Siegfrid. Je puis vous conduire là-bas sur les ondes, sachez-le, bons héros. Les vrais chemins sur la mer me sont connus. » Ils quittèrent gaîment le pays des Burgondes.

Siegfrid saisit aussitôt un aviron et poussa la barque loin du rivage. Gunther prit lui-même une rame. Ils s’éloignèrent de la terre, ces héros rapides et dignes de louanges.

Ils emportaient des mets succulents et le meilleur vin qu’on pût trouver sur le Rhin. Les chevaux étaient tranquilles ; ils reposaient à l’aise. Le vaisseau marchait aussi doucement. Les guerriers n’eurent point de soucis.

Les forts cordages de la voile furent solidement attachés. Ils firent vingt milles avant la nuit par un bon vent qui soufflait vers la mer. Depuis, leurs rudes travaux affligèrent les femmes.

Au douzième matin, ainsi l’avons-nous entendu dire, les vents les avaient portés au loin vers Isenstein, au pays de Brunhilt. Ce pays n’était connu que de Siegfrid seul.

Lorsque le roi Gunther vit les nombreuses forteresses et les vastes Marches, il s’écria soudain : — « Dites-moi, ami, seigneur Siegfrid, connaissez-vous ceci ? À qui sont ces Burgs et ce beau pays ?

« Je n’ai vu de ma vie, il faut que je dise la vérité, en aucune contrée, plus de forteresses si bien bâties qu’il ne s’en trouve en ce moment devant moi. Il doit être bien puissant, celui qui les a fait construire. »