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— « Je suivrai ce conseil : qu’ils partent donc. » Il fut annoncé aux ennemis que nul n’accepterait rien de l’or qu’ils avaient offert. Dans leur patrie, ceux qui les chérissaient gémissaient sur ces guerriers vaincus.

On apporta maint bouclier rempli de trésors. Le roi les partagea, sans peser, à ses amis. Il y avait bien cinq cents marcs et même plus. Gêrnôt le très hardi avait donné ce conseil à Gunther.

Ils prirent congé, car ils désiraient partir. On vit s’avancer les hôtes devant Kriemhilt et devant dame Uote, la reine. Jamais depuis guerriers ne furent plus courtoisement salués.

Bien des logements restèrent vides quand ils furent partis pour leur patrie. Pourtant le roi aux habitudes magnifiques demeura avec les siens et avec un grand nombre de nobles hommes. On les voyait chaque jour se rendre chez Kriemhilt.

Siegfrid, le bon héros, voulait aussi prendre congé ; il n’espérait pas obtenir celle qu’il portait en son cœur. Le roi entendit dire qu’il voulait partir ; mais Gîselher le jeune parvint à le détourner du voyage.

— « Où veux-tu donc chevaucher maintenant, noble Siegfrid ? Reste près de nos guerriers ; reste, je t’en prie, près de Gunther et de ses hommes. Il y a ici beaucoup de belles femmes, vous pourriez les voir. »

Le fort Siegfrid dit : — « Laissons là nos chevaux. Je voulais chevaucher loin d’ici. J’ai abandonné ce dessein, rentrez les boucliers. Je voulais retourner en mon pays. Gîselher m’en a honorablement détourné. »

Ainsi l’amitié de ses amis retint le brave. Aussi nulle part, dans aucun pays, n’eût-il pu demeurer avec plus de