Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’attrait des vœux d’amour les poussait l’un vers l’autre. Ils se regardaient avec de doux regards, le chef et la jeune fille. Cela se faisait à la dérobée.

Si en ce moment sa blanche main fut pressée par tendre affection de cœur, je l’ignore. Mais je ne puis croire qu’ils ne l’aient point fait. Sinon ces deux cœurs agités d’amour auraient eu tort.

Ni en la saison d’été, ni aux jours de mai, jamais il ne sentit en son âme une joie si vive que celle que lui fit éprouver la main de la vierge qu’il désirait pour amie.

Maint guerrier pensa : « Ah ! que ne puis-je aussi marcher à ses côtés, ainsi que je vois Siegfrid, ou reposer près d’elle. En moi s’éteindrait toute haine. » Jamais depuis guerrier ne servit mieux si belle princesse.

Ceux qui étaient venus des pays d’autres rois, admirèrent tous Siegfrid et Kriemhilt. Il fut permis à la jeune fille d’embrasser l’homme vaillant. Jamais il ne lui arriva rien d’aussi doux sur cette terre.

Le roi du Tenemark parla ainsi en ce moment : — « Pour ces hautes salutations, plus d’un a reçu de graves blessures de la main de Siegfrid : et moi-même j’ai éprouvé sa force. Que Dieu éloigne à jamais de lui la pensée de revenir au pays de Tenemark. »

Partout on fit faire place sur le chemin de la belle Kriemhilt. On vit plus d’un guerrier hardi l’accompagner à l’église, magnifiquement vêtu. Bientôt il fut séparé d’elle, le héros très vaillant.

La voilà qui s’avance vers la cathédrale ; mainte femme la suit. Elle est si richement parée que bien des vœux s’élèvent autour d’elle. Elle était née pour être la délectation des yeux de plus d’un guerrier.