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— « Vous pouvez les remercier, dit Liudgêr. Jamais roi n’a conquis de si illustres captifs. Pour être bien traités, nous donnerons de grands biens, afin que vous en agissiez gracieusement envers vos ennemis. »

— « Je vous laisserai aller librement tous deux, dit le roi ; mais il me faut des gages que mes ennemis resteront ici près de moi et qu’ils ne quitteront pas mon pays sans mon assentiment. » Liudgêr lui en donna la main.

On les mena se reposer et on leur procura leurs aises. On offrit aux blessés toutes les choses nécessaires ; aux hommes dispos on donna de l’hydromel et de bon vin. Jamais hôtes ne vécurent en plus grande liesse.

On emporta les boucliers brisés. On voyait là bien des selles ensanglantées : on les déroba à la vue, pour que les femmes ne pleurassent point. Maints bons chevaliers revenaient épuisés de fatigue.

Le roi reçut ses hôtes avec grande bonté. Ses terres étaient remplies d’étrangers et d’amis. Il fit soigner avec égard ceux qui avaient de graves blessures ; leur dure arrogance s’était bien adoucie.

On présenta de riches récompenses aux savants dans l’art de guérir, de l’argent sans le peser et de l’or brillant, afin qu’ils pansassent les héros après les périls du combat. De plus, le roi offrit à ses hôtes de très somptueux présents.

Ceux que la fatigue de la route poussait à retourner vers leur demeure, ceux-là on les invitait à rester comme on fait à des amis. Le roi demanda conseil pour savoir comment il récompenserait des hommes qui avaient accompli sa volonté avec si grand honneur.

Alors le seigneur Gêrnôt parla : — « Qu’on les laisse par-