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très vaillant chevalier, ignorant encore ce qui lui était arrivé, le vit ainsi affligé. Il pria le roi Gunther de lui en apprendre la cause.

— « Je m’étonne de cette grande merveille, dit Siegfrid, que vous ayez ainsi changé les façons joyeuses qui pendant si longtemps vous étaient habituelles. » Gunther, le guerrier magnifique, lui répondit :

— « Je ne puis dire à tout le monde les graves préoccupations qu’il me faut porter en secret dans mon cœur. On doit se plaindre de ses tourments de cœur à ses amis. » La figure de Siegfrid devint rouge et pâle.

Il parla ainsi au roi : — « Je ne vous ai rien refusé. Je vous porterai secours dans toutes vos peines. Cherchez-vous un ami, je serai le vôtre, et vous serai fidèle avec honneur jusqu’à ma mort. »

— « Que Dieu vous récompense, seigneur Siegfrid ; vos paroles me plaisent. Et quand personne ne me porterait secours, je me réjouirais de la nouvelle, puisque vous m’êtes si dévoué. Que je vive encore quelque temps et il vous en sera tenu compte.

« Je veux vous faire entendre pourquoi je suis affligé. Par des messagers de mes ennemis j’ai appris qu’ils voulaient me poursuivre jusqu’ici avec des armées, injure que jamais guerriers ne nous ont fait subir dans notre pays. »

— « Ne vous en préoccupez nullement, dit Siegfrid ; calmez vos esprits ; faites ce que je vous demande. Laissez-moi défendre votre honneur et votre intérêt, et priez vos guerriers qu’ils vous viennent en aide.

« Quand vos forts ennemis auraient trente mille hommes, je leur résisterai, n’en eussé-je que mille. Laissez