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bandes de vos puissants ennemis, qui s’avancent pour l’affliction de votre âme ; car par eux doivent périr beaucoup de bons chevaliers très renommés.

— « Attendez quelque temps, je vous ferai connaître ma volonté quand j’aurai mieux réfléchi, dit le bon roi. À tous mes preux je ne cacherai rien : je me plaindrai à mes fidèles de ce message de violence. »

C’était un grand souci pour Gunther le riche. Ce message ne sortait pas de son esprit. Il fit mander Hagene et d’autres de ses hommes. Il ordonna aussi d’aller très promptement à la cour de Gêrnôt.

Alors arrivèrent là les meilleurs guerriers qu’on pût trouver. Il dit : — « On veut venir nous attaquer ici dans notre pays avec de fortes armées ; veuillez en prendre souci. » Gêrnôt répondit ceci, le chevalier brave et estimé :

— « Nous nous défendrons avec l’épée, » ainsi dit Gêrnôt : « Ceux-là seuls meurent qui sont destinés à mourir ; laissons-les couchés dans la mort. Je ne puis pour cela oublier mon honneur. Nos ennemis nous seront les bienvenus. »

Alors parla Hagene de Trojene : — « Cela ne me paraît pas bon : Liudgast et Liudgêr portent loin l’outrecuidance. Nous ne pouvons avertir tous nos hommes en si peu de temps — ainsi s’exprima le guerrier hardi, — il faut en parler à Siegfrid. »

On donna des logements dans la ville aux messagers. Quoique ce fussent des ennemis, Gunther le puissant ordonna de les très bien servir (ce qui fut parfaitement exécuté), jusqu’à ce qu’il se fût assuré qui d’entre ses fidèles voulait le soutenir.

Plein de souci, le roi ressentait de vifs tourments. Un