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— « Dieu veuille, seigneur Gêrnôt, qu’il en soit ainsi ; que votre volonté s’accomplisse de tout point et que la vie de vos amis soit sauve. Je vous confierai ma femme et ma fille. »

L’enfant de la belle Uote, le prince burgonde, parla : — « Pourquoi agir ainsi, Ruedigêr ? Tous ceux qui m’ont accompagné, vous sont dévoués ; vous avez tort de nous attaquer. Vous allez avant l’heure rendre veuve votre charmante fille.

« Si vous et vos guerriers vous m’attaquez maintenant, vous me récompenserez mal de la confiance que j’ai eue en vous plutôt qu’en tout autre, quand je vous ai demandé votre fille en mariage. »

— « Souvenez-vous de la foi jurée, noble et illustre roi, si Dieu vous sauve d’ici. Ainsi parla Ruedigêr. Que la jeune femme ne pâtisse pas à cause de moi. Au nom de vos propres vertus, conservez-lui votre affection. »

— « Je le ferai volontiers, répondit Gîselher, le jeune ; mais si mes illustres parents qui sont ici doivent mourir de votre main, alors il faudra rompre l’alliance fidèle qui m’unit à vous et à votre fille. »

— « En ce cas, que Dieu ait pitié de nous ! » dit l’homme vaillant. Et tous levèrent leurs boucliers comme pour attaquer les étrangers dans la salle de Kriemhilt. Alors, du haut des degrés, Hagene s’écria à haute voix :

— « Arrêtez un instant, très noble Ruedigêr, ainsi dit Hagene ; mes seigneurs et moi, nous ne vous avons pas encore suffisamment expliqué en quelle extrémité nous sommes. De quel avantage notre mort, à nous étrangers, peut-elle être pour Etzel ?

« Je suis en grand souci, ajouta Hagene : les Hiunen