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« Si vous nous laissez la vie, nous tous servirons toujours pour la bienveillance que vous nous aurez montrée. Pensez aux superbes présents que vous nous fîtes, très noble Ruedigêr, quand vous nous conduisîtes au pays d’Etzel, chez les Hiunen.

Ruedigêr, le bon chevalier, dit : — « Ah ! que je voudrais encore pouvoir vous donner pleine mesure de mes dons, ainsi que j’en avais l’espérance. Alors je ne serais exposé à aucun reproche. »

— « Arrêtez noble Ruedigêr, dit Gêrnôt, car jamais seigneur n’accueillit ses hôtes aussi amicalement que vous nous avez reçus. Vous en recevrez la récompense, si nous conservons la vie. »

— « Plût à Dieu, très noble Gêrnôt, dit Ruedigêr, que vous fussiez aux bords du Rhin et moi mort, conservant mon honneur, puisque je suis obligé de vous combattre. Jamais guerriers étrangers n’ont été si maltraités par leurs amis. »

— « Seigneur Ruedigêr, dit Gêrnôt, que Dieu vous récompense de vos riches présents. Oh ! votre mort m’affligerait, car avec vous périraient tant de vertus et de courage ! Je porte ici l’arme que vous m’avez donnée, bon chevalier.

« Dans cette cruelle extrémité, elle ne m’a jamais fait défaut et sous son tranchant maint guerrier a perdu la vie. Elle est brillante et fidèle, magnifique et bonne. Je pense que plus jamais chef n’offrira un don si riche.

« Si vous ne voulez renoncer à votre dessein, si vous nous attaquez et qu’un des amis que j’ai ici tombe sous vos coups, avec votre épée je vous enlèverai la vie. Alors, Ruedigêr, j’en serai au désespoir, ainsi que votre illustre femme. »