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— « Maintenant, que Dieu te récompense, Ruedigêr, » dit le roi. Lui et la reine étaient joyeux, tous deux. « Nous aurons toujours soin de tous tes gens. Mais j’ai foi en mon bonheur, toi-même tu en réchapperas. »

Ruedigêr allait hasarder son âme et son corps. La femme d’Etzel se prit à pleurer. Il dit : — « Je dois accomplir ce que je vous ai promis. Hélas ! ô mes amis, je vais vous combattre malgré moi ! ».

On le vit quitter le roi, l’âme affligée. Il alla non loin de là trouver ses guerriers et leur dit : — « Vous allez vous armer, ô mes fidèles. Malgré moi il me faut combattre les vaillants Burgondes. »

Ils ordonnèrent aussitôt qu’on allât chercher leurs armes. Heaumes et boucliers furent apportés par leurs gens de suite. Bientôt les fiers étrangers connurent la funeste nouvelle.

Ruedigêr et cinq cents de ses hommes s’étaient armés. En outre, marchaient avec lui douze chefs, qui voulaient obtenir le prix du courage au plus fort de la mêlée. Ils ne savaient pas que la mort fût si près d’eux.

On vit s’avancer Ruedigêr, le heaume en tête. Les hommes du margrave portaient des épées bien acérées, et au bras leurs boucliers larges et brillants. Le joueur de viole les aperçut ; ce fut pour lui une peine amère.

Le jeune Gîselher vit venir son beau-père, le casque attaché. Comment pouvait-il supposer qu’il ne vint pas avec des intentions bienveillantes ? Le noble prince en eut l’âme joyeuse.

« Quel bonheur ! s’écria Gîselher, la bonne épée, que nous nous soyons fait en chemin de tels amis. Par ma femme nous avons acquis de grands avantages. Sur ma foi, je suis heureux que ce mariage se soit fait. »