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« Voulez-vous me livrer le seul Hagene comme prisonnier ? je ne refuserai point de tous laisser la vie ; car vous êtes mes frères et les enfants de ma mère. Alors je parlerai de réconciliation ainsi que tous ces guerriers qui m’entourent. »

— « Le Dieu du ciel ne le veut point, dit Gêrnôt. Quand nous serions mille, nous succomberions tous, nous, tes parents et tes fidèles, avant que nous te livrions un seul homme prisonnier. Cela ne sera jamais. »

— « Il nous faut plutôt mourir, s’écria Gîselher. On n’enlèvera personne de notre garde de chevaliers. Que ceux qui veulent nous attaquer, sachent que nous sommes ici ; car je ne trahirai ma foi envers aucun de nos amis. »

Le hardi Dancwârt parla, il ne lui convenait pas de se taire : — « Mon frère Hagene ne sera pas seul. Il pourra en arriver malheur à ceux qui nous refusent ici la paix ; nous vous le ferons bien sentir, je vous le dis en vérité. »

La reine prit la parole : — « Vous, guerriers adroits, approchez-vous des degrés et vengez mon offense. Je vous en serai toujours obligée, comme je devrai l’être en effet. Oui, par moi, l’outrecuidance de Hagene recevra son salaire.

« N’en laissez pas sortir un seul de la salle, je ferai mettre le feu aux quatre coins du palais. Ainsi, je saurai venger toutes mes offenses. » Bientôt tous les guerriers d’Etzel furent prêts.

Ils repoussèrent dans la salle, à coups d’épée et à coups de javelots, ceux qui étaient dehors. Ce fut un grand fracas. Mais les princes et leurs hommes ne voulurent point se séparer. Ils ne pouvaient renoncer à la fidélité qu’ils se devaient les uns aux autres.