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son sang. » Kriemhildt reconnaissante lui prit elle-même le bouclier de son bras.

— « Remerciez-le modérément, dit Hagene. Veut-il encore tenter la lutte ? cela serait digne d’un guerrier, et alors s’il en revient, ce sera un vaillant homme ; ne-vous réjouissez pas trop de la blessure que j’ai reçue.

« Si vous voyez ma cotte de mailles rougie de sang, cela m’excitera à donner la mort à plus d’un. Cette petite blessure anime ma colère pour la première fois. Le guerrier Irinc m’a bien légèrement atteint. »

Irinc du Tenelant se plaça contre le vent. Il se rafraîchit dans sa cotte de mailles et délia son heaume. Tout le monde disait que sa force était grande. Le margrave en conçut un indomptable orgueil.

Alors Irinc s’écria : — « Mes amis, sachez qu’il faut que vous m’armiez à l’instant. Je veux encore essayer si je ne puis dompter cet homme outrecuidant. » Son bouclier était haché ; il en reçut un meilleur.

Bientôt le héros fut mieux armé qu’auparavant. Il saisit une lance puissante ; poussé par la haine, il voulait s’en servir pour abattre Hagene. Mais Hagene, l’homme très hardi, allait le recevoir rudement.

Hagene, la bonne épée, ne l’attendit pas. Il bondit en bas des degrés à sa rencontre, lançant un javelot et brandissant son épée ; sa colère était terrible. La force d’Irinc ne lui servit guère.

Ils frappaient sur leurs boucliers au point que des flammes rougeâtres semblaient les allumer. L’homme-lige d’Hâwart reçut à travers bouclier et cuirasse une profonde blessure de l’épée de Hagene ; elle lui enleva la vie pour toujours.