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Au moment même où Dancwart se présentait à la porte, on portait çà et là, de table en table, Ortlieb, le prince de haute lignée. Ces horribles nouvelles causèrent la mort du petit enfant.

Dancwart, cria à haute voix au guerrier : — « Frère Hagene, vous restez trop longtemps assis. Je me plains à vous et au Dieu du ciel de notre détresse. Chevaliers et varlets ont été massacrés en leur logis. »

L’autre lui répondit : — « Qui a fait cela ? » — « C’est le sire Blœde avec ses hommes. Mais aussi il l’a payé cher, je veux bien vous le dire : de ma main je lui ai abattu la tête. »

— « C’est un léger malheur, dit Hagene, quand on vous apprend qu’un guerrier a perdu la vie par la main d’un héros. Les belles femmes auront d’autant moins à le plaindre.

« Mais dites-moi, frère Dancwart, comment êtes-vous si rougi de sang ? J’imagine que de vos blessures vous souffrez grande douleur. Qui que ce soit, dans ce pays, qui vous les a faites, quand le mauvais démon lui viendrait en aide, il devrait le payer de sa vie. »

— « Vous me voyez sain et sauf. Mes habillements sont humides de sang ; mais il a coulé des blessures d’autres guerriers. J’en ai tué un si grand nombre aujourd’hui, que je ne saurais les compter, dussé-je faire mon serment. »

Hagene parla : — « Frère Dancwart, garde-nous la porte et ne laisse pas sortir un seul de ces Hiunen. Je veux parler à ces guerriers, ainsi que la nécessité nous y oblige. Nos gens de service ont reçu d’eux une mort imméritée. »

— « Puisque je suis camérier, répondit l’intrépide