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Ceux qui n’avaient point d’épée prirent des bancs et soulevèrent de dessous les pieds maints longs escabeaux. Les varlets burgondes ne voulaient point reculer. Les lourdes chaises bosselèrent maintes cuirasses.

Ah ! comme ces serviteurs, loin de leur patrie se défendirent furieusement ! Ils repoussèrent les gens armés hors du bâtiment. Cinq cents d’entre ceux-ci ou même plus restèrent morts sur la place. Tous les gens de la suite étaient humides et rouges de sang.

Cette terrible nouvelle fut racontée aux guerriers d’Etzel — c’était pour eux une amère douleur — que Blœde et ses hommes avaient été tués, et que c’étaient le frère de Hagene et les varlets qui l’avaient fait.

Avant que le roi s’en aperçût, les Hiunen animés par la haine, se réunirent au nombre de deux mille ou même plus. Ils allèrent aux varlets — il devait en être ainsi — et de toute la suite n’en laissèrent pas échapper un seul.

Les infidèles amenèrent une puissante armée devant ce bâtiment. Les serviteurs étrangers se défendirent bravement ; mais à quoi bon leurs valeureux efforts ? Ils devaient succomber. Peu de temps après on en vint à une terrible catastrophe.

Vous pouvez ouïr des merveilles d’un événement épouvantable. Neuf mille serviteurs étaient couchés à terre massacrés, ainsi que douze chevaliers hommes-liges de Dancwart. On le vit tout seul résister encore aux ennemis.

Le bruit s’apaisa, le fracas cessa. Dancwart, la bonne épée, regarda par dessus son épaule et s’écria : — « Malheur ! que d’amis j’ai perdus ! Maintenant je dois tout seul, hélas ! tenir tête à l’ennemi. »

Les coups d’épée tombaient pressés sur son corps.