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duisit lui-même. On mena les chevaux vers les logements, où maints valets les pansèrent avec zèle et avec de grands soins.

Le roi se rendit au palais avec ses amis, et il contint sévèrement toutes les haines. On dressa les tables et on leur apporta de l’eau. Ceux du Rhin avaient un grand nombre de forts ennemis.

Quoique Elzel s’en affligeât, on vit mainte troupe armée se presser avec impétuosité sur les pas des princes, au moment où ils se rendirent à table ; c’était par haine de ces étrangers. Ils voulaient venger leur parent, si l’occasion s’en présentait.

— « D’aimer mieux manger avec que sans vos armes, dit le chef du pays, la discourtoisie est déjà trop grande. Mais si l’un de vous fait la moindre offense à mes hôtes, il y va de sa tête ; vous, Hiunen, sachez cela. »

Avant que les seigneurs fussent assis, un long temps s’écoula. De grands soucis agitaient Kriemhilt. Elle dit : — « Prince de Vérone, je vous demande avis, secours et dévoûment ; je suis dans une situation pleine d’angoisses. »

Hiltebrant, ce guerrier digne de louange, répondit : — « Celui qui frappera les Nibelungen, le fera sans mon concours ; nul trésor ne m’y déterminerait. Au reste, il lui en arriverait malheur ; car ces guerriers agiles et adroits n’ont pas encore été vaincus. »

Elle reprit : — « Oh ! Hagene m’a si grandement offensée ! Il assassina Siegfrid, mon époux chéri. Tout mon or serait à celui qui le séparerait de ses compagnons. Mais si quelqu’autre en pâtissait, j’en aurais une grande affliction. »