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maîtres, j’aurais chevauché de moi-même vers ce pays pour vous faire honneur. » Le noble roi prit alors ses chers hôtes par la main.

Il les mena jusqu’au siège où il était assis auparavant. On versa aux étrangers, avec empressement, dans de larges coupes d’or, de l’hydromel, du môraz[1] et du vin ; et il souhaita très cordialement la bienvenue aux étrangers.

Le roi Etzel parla : — « Oui, je puis vous l’affirmer, rien ne pouvait m’être plus agréable en ce monde, ô héros, que votre venue. La reine est ainsi délivrée d’une grande tristesse.

« Je me demandais toujours avec surprise ce que j’avais pu vous faire, moi, qui avais reçu tant de nobles hôtes, pour que vous ne consentissiez pas à venir en ce pays. C’est pour moi un bien grand bonheur de vous avoir vus. »

Ruedigêr répondit, ce chevalier au noble cœur : — « Vous pouvez en effet les recevoir avec plaisir. Leur loyauté est grande. Les parents de ma souveraine ont voulu vous faire honneur, car ils ont amené chez vous maint illustre guerrier. »

Les chefs s’étaient rendus à la cour du puissant Etzel, le soir du solstice d’été. Rarement on a ouï parler d’une réception aussi magnifique que celle de ces héros. Le temps du banquet étant venu, le roi se rendit à table avec eux.

Jamais hôte ne siégea plus magnifiquement à côté de ses convives. On leur servit avec profusion à boire et à manger ; on était prêt à leur donner tout ce qu’ils désiraient. Tant de merveilles avaient été racontées de ces héros !

  1. Boisson préparée avec du vin et du jus de mûres.