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que jamais roi recherchât ma fille bien-aimée ? Nous sommes exilés tous deux, ma femme et moi, et n’ayons rien à donner. À quoi peut servir sa beauté ? »

Gêrnôt répliqua, cet homme aux façons gracieuses : — « Si j’avais à choisir une amie à mon gré, certes je serais toujours heureux d’avoir pareille épouse. » Alors Hagene parla très courtoisement :

— « Mon seigneur Gîlselher doit songer déjà à prendre femme, et la jeune margrave est de si haute lignée, que moi et tous ses hommes la servirions volontiers. Il faut qu’elle vienne chez les Burgondes, la couronne en tête. »

Ce discours plut fort à Ruedigêr et aussi à Gœtelint ; elle s’en réjouissait dans l’âme. Bientôt après les guerriers firent en sorte que le noble Gîselher la prit pour femme, car elle convenait bien à un roi.

Qui peut résister à ce qui doit s’accomplir ? On pria la jeune fille de se rendre à la cour, et on accorda par serment la vierge charmante au prince. Lui, à son tour, promit d’aimer cette personne digne de toute tendresse.

On assigna à la jeune femme des burgs et des terres. La main du noble roi et du sire Gêrnôt le confirma par serment. Voilà ce qui fut fait. Le margrave prit la parole : — Puisque moi je n’ai point de burgs,

« Je vous serai du moins dévoué avec fidélité et constance. Je donne à ma fille de l’or et de l’argent autant que cent bêtes de somme en peuvent porter à grande peine, afin que cela puisse honorablement satisfaire ce héros. »

On les fit se tenir tous deux dans un cercle, suivant la coutume. Maints jeunes hommes d’humeur joyeuse