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côté cent ou même an plus grand nombre des hommes du Beierlant étaient tués. Les boucliers des guerriers de Troneje étaient tout ternis et humides de sang.

La lune brillante perça à moitié les nuages. Hagene dit : — « Personne ne dira à notre maître ce que nous avons fait : laissons-le reposer, cette nuit, sans soucis. »

Ceux qui avaient combattu là le suivaient, mais la fatigue faisait beaucoup souffrir la troupe. — « Combien de temps chevaucherons-nous encore, demandèrent plusieurs d’entre eux ? » Le brave Dancwart répondit : — « Il n’y a point ici de logis à avoir.

« Vous devez tous cheminer jusqu’à ce que vienne le jour. » Volkêr, le rapide, qui prenait soin de la suite, fit demander au maréchal : « Où arriverons-nous aujourd’hui et où nos chevaux et nos chers seigneurs pourront-ils se reposer ? »

Le hardi Dancwart répondit : — « Je ne puis vous le dire ; mais nous ne pouvons nous reposer avant que le jour vienne ; alors, où que nous nous trouvions, nous nous coucherons sur l’herbe. » Quand ils entendirent ces paroles, tous furent bien mécontents !

Sans qu’on s’en aperçût, ils restèrent tout rougis de sang, jusqu’à ce que le soleil, se levant au dessus des monts, les éclairât de ses rayons brillants. Alors le roi vit qu’ils s’étaient battus. Le héros irrité parla :

— « Qu’y a-t-il maintenant, ami Hagene ? Vous avez tenu peu de compte de ma présence, me semble-t-il, puisque vos cottes de mailles sont à ce point humides de sang. D’où cela vient-il ? » Hagene répondit : — « C’est Else qui nous a attaqués cette nuit.

« Il s’est jeté sur nous à cause de la mort de son nau-