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— « Je ne suis pas si fatigué de la vie, dit Hagene, que je veuille me noyer dans ce fleuve si large. Avant cela, plus d’un homme succombera par ma main au pays d’Etzel ; j’en ai du moins la bonne volonté.

« Vous, bons et vaillants chevaliers, demeurez au bord de l’eau, j’irai moi-même chercher le long du fleuve les bateliers qui nous passeront dans le pays de Gelpfrât. » Et le fort Hagene saisit son excellent bouclier.

Il était bien armé : outre le bouclier, il portait solidement fixé son heaume très brillant, et sur sa cotte de mailles, une très large épée, qui, des deux tranchants, coupait d’une effroyable façon.

Il cherchait et recherchait les nautonniers. Tout à coup il entendit bruire les eaux ; il se mit à écouter : c’étaient des femmes blanches qui faisaient ce bruit dans une source limpide. Elles voulaient se rafraîchir et baignaient ainsi leur corps.

Hagene les aperçut ; il se glissa invisible jusque près d’elles. Comme elles fuirent rapidement quand elles le virent ! Elles étaient fières de lui avoir échappé. Le héros prit leurs vêtements et ne leur fit nul autre mal.

L’une de ces femmes des eaux, son nom était Hadburc, parla : — « Noble chevalier Hagene, si vous nous rendez nos vêtements, nous vous ferons connaître comment se passera votre voyage à la cour des Hiunen. »

Semblables à des oiseaux, elles planaient autour de lui sur les flots. Il lui parut que leurs sens étaient puissants et subtils. Il en fut d’autant plus disposé à croire ce qu’elles allaient lui dire. Elles l’instruisirent clairement de ce qu’il désirait savoir.

Hadburc dit : — « Vous pourrez bien chevaucher au