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monts, hommes et femmes pleuraient. Mais, quoi que fissent leurs gens, eux ils partirent joyeux.

Mille héros Nibelungen, portant le haubert, les suivaient : ils laissaient dans leur patrie maintes belles femmes qu’ils ne revirent plus. La blessure de Siegfrid faisait toujours souffrir Kriemhilt.

Les hommes de Gunther dirigèrent leur course vers le Mayn, à travers l’Osterfranken. Hagene les conduisit, car il connaissait la route. Leur maréchal était Dancwart, le héros du pays burgonde.

Tandis qu’ils chevauchaient de l’Osterfranken vers le Swanevelt, on pouvait les admirer pour leur superbe allure, ces héros dignes de louange. Au douzième matin, le roi arriva à la Tuonouwe.

Hagene de Troneje marchait en avant de toute la troupe, et souvent il vint en aide aux Nibelungen. Le guerrier hardi mit pied à terre sur le sable, et en hâte, il attacha son cheval à un arbre.

L’eau était débordée et toutes les barques cachées. Les Nibelungen eurent grand souci, ne sachant comment traverser le fleuve, qui était excessivement large. Plusieurs superbes chevaliers mirent pied à terre.

— « Prince du Rhin, dit Hagene, de graves accidents peuvent nous survenir. Tu peux t’en convaincre toi-même : l’eau est débordée et le courant est très fort. Oui, je crains que nous ne perdions ici maints bons guerriers. »

— « Que voulez-vous me dire, répondit le fier Gunther. De par votre valeur ! ne nous découragez point davantage. Cherchez plutôt le moyen de nous faire arriver à l’autre bord, de façon que nous amenions avec nous nos chevaux et nos bagages. »