Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accompagner : je vous le ferai bientôt voir, puisque vous ne voulez point renoncer à votre projet. »

Le chef des cuisines, Rûmolt, le guerrier, s’adressa au roi : — « Vous pouvez traiter suivant votre bon plaisir étrangers et amis ; vous en avez plein pouvoir. Je ne pense point que personne vous ait donné en otage.

« Si vous ne voulez point suivre l’avis de Hagene, écoutez celui de Rûmolt, car je suis votre serviteur dévoué et fidèle. Croyez-moi, restez ici et laissez en paix le roi Etzel auprès de Kriemhilt.

« Comment pourriez-vous vivre plus heureux qu’ici ? Vous êtes à l’abri de tous vos ennemis. Revêtissez-vous de beaux habits, buvez le meilleur vin et aimez femme gracieuse.

« On vous servira de bons mets, les meilleurs qu’eut jamais roi au monde. Et si cela ne suffit pas, restez du moins pour votre belle épouse, au lieu d’aller comme un enfant exposer votre vie.

« Je vous conseille de rester ici, votre pays est riche. Il est plus facile de payer rançon, étant ici, que chez les Hiunen. Qui sait comment il en est là-bas ? Vous resterez, seigneur, c’est l’avis de Rûmolt. »

— « Non, nous ne resterons pas, dit Gêrnôt ; comment ne nous rendrions-nous pas à l’invitation que ma sœur et le puissant Etzel nous ont si gracieusement adressée ? Qui ne désire y aller peut demeurer en ce pays. »

Hagene répondît : — « Quoi que vous décidiez, que mes discours ne vous offensent point. Croyez-en mon conseil sincère, si vous voulez braver le péril, du moins vous n’irez chez les Hiunen qu’en bon état de défense.

« Puisque vous ne voulez pas renoncer à votre projet,