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ment l’attirer en ce pays. » Elle rêva que souvent Gîselher, son frère, marchait à ses côtés, la tenant par la main. Elle l’embrassait fréquemment dans son doux sommeil. Depuis que de soucis elle éprouva !

Je pense que ce fut par l’inspiration du mauvais esprit qu’elle se sépara de Gunther si amicalement, et qu’elle l’embrassa en quittant le pays des Burgondes. Souvent des larmes brûlantes mouillaient ses vêtements.

Soir et matin cette idée occupait son âme : comment on avait pu l’amener, elle, innocente, à épouser un homme païen. C’étaient Hagene et Gunther qui l’avaient réduite à cette extrémité.

Certain désir ne quittait point son cœur. Elle pensait : « Je suis si puissante et je possède tant de richesses que je pourrais bien faire pâlir mes ennemis. Que volontiers je me vengerais de Hagene de Troneje !

« Souvent mon cœur gémit au souvenir de mon bien-aimé. Ah ! si j’étais près de ceux qui m’ont causé tant de maux, que je leur ferais payer cher la mort de mon ami ! C’est avec peine que j’attends encore. » Ainsi parlait la femme d’Etzel.

Kriemhilt était aimée par tous les hommes du roi, et, certes, elle le méritait. Eckewart veillait au trésor, ce qui lui faisait beaucoup d’amis. Nul ne pouvait résister à la volonté de Kriemhilt.

Elle pensait sans cesse : « Je prierai le roi qu’il m’accorde avec courtoisie d’inviter mes amis à venir dans le Hiunen-lant. » Personne ne soupçonnait une résolution hostile chez la reine.

Une nuit, elle reposait à côté du roi : il la tenait dans ses bras, suivant sa coutume, car il aimait tendrement la