Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le prince Bloedel de l’Ungerlant fit vider maints coffres pleins d’or et d’argent, dont on fit largesse. En vérité, les guerriers du roi vivaient bien grandement.

Werbel et Swemel, les joueurs d’instrument du roi, gagnèrent chacun, je pense, au moins mille marcs et même davantage à cette fête, ou la belle Kriemhilt porta la couronne à côté d’Etzel.

Au matin du dix-huitième jour, ils partirent de Wiene. Dans les jeux chevaleresques bien des boucliers furent brisés par les lances que les héros portaient en leurs fortes mains. Le roi Etzel se mit en marche vers le Hiunen-lant.

On passa la nuit dans l’antique Heimburc[1]. Personne ne peut se figurer avec quelle puissance cette immense troupe chevauchait par le pays. Et que de belles femmes aussi on allait trouver dans la patrie !

Ils s’embarquèrent à Misenburc[2] la riche. Le fleuve était couvert, aussi loin qu’on pouvait le voir couler, d’hommes et de chevaux en si grand nombre, qu’il semblait terre ferme. Les femmes fatiguées de la route jouirent là de la douceur du repos.

Maints bons vaisseaux furent attachés ensemble, de façon à mettre tout le monde à l’abri des ondes et du courant. On tendit au dessus de bonnes tentes : c’était comme si on se fût trouvé dans la plaine sur terre ferme.

Ces nouvelles arrivèrent au burg d’Etzel, et hommes et femmes s’y réjouirent. La suite d’Helche, qui jadis servait cette princesse, passa depuis des jours heureux auprès de Kriemhilt.

  1. Carnuntum, du temps des Romains.
  2. Wiselburg sur la Leita.