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plus avant. Serrant la bride, elle aussi arrêta son cheval et pria qu’on l’enlevât aussitôt de la selle.

On voyait l’évêque conduire vers Gœtelint la fille de sa sœur, de concert avec Eckewart ; au même moment tous s’écartèrent. L’étrangère baisa Gœtelint sur la bouche.

La femme de Ruedigêr parla très affectueusement : — « C’est un grand bonheur pour moi, ô chère dame, que j’aie pu de mes yeux contempler votre beauté en ce pays. Rien de plus agréable ne pouvait m’arriver maintenant. »

— « Que Dieu vous récompense, très noble Gœtelint, dit Kriemhilt. Si le fils de Botelung et moi nous conservons la santé, ce pourra être un bonheur pour vous de m’avoir vue. » À toutes deux était inconnu ce qui devait arriver.

Les femmes se rencontrèrent avec grande courtoisie. Les guerriers étaient prêts à les servir. Après les salutations échangées, elles s’assirent sur le trèfle ; elles apprirent bien des choses qu’elles ignoraient complètement.

On versa du vin aux dames ; c’était vers le milieu du jour. Mais la noble compagnie ne se reposa point longtemps en cet endroit ; elle se dirigea vers les pavillons de verdure préparés pour elle, où se trouvait en abondance tout ce dont elle avait besoin.

On se reposa la nuit, jusqu’au matin de bonne heure. Ceux de Bechelâren firent tous les préparatifs nécessaires pour recevoir tant d’illustres hôtes. Ruedigêr avait fait en sorte que rien ne leur manquât.

Le burg de Bechelâren était ouvert et aucune des fenêtres dans les murs n’était close. Ils entrèrent chevauchant, les étrangers qu’on voyait volontiers. Le noble seigneur leur fit offrir toutes les commodités désirables.