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ments de dames dont elles devaient faire usage dans ce voyage.

La violence de Hagene parut par trop forte à Kriemhilt. Elle avait bien encore mille marcs de l’or des offrandes ; elle les distribua, pour l’âme de son cher époux, entre ses hommes dévoués. Il sembla à Ruedigêr qu’elle agissait avec grande bonté.

La reine infortunée dit : — « Où sont mes amis qui pour l’amour de moi veulent quitter leur patrie ? Ils me suivront au pays des Hiunen et prendront mes richesses, pour acheter des chevaux et des habillements. »

Le margrave Eckewart dit à la reine : — « Depuis que j’ai été le premier de votre suite, je vous ai servie avec dévoûment, et jusqu’à la fin de ma vie je veux agir de même envers vous ; » ainsi parla ce guerrier.

« Je veux aussi emmener avec moi cinq cents de mes hommes, qui vous serviront tous avec grand dévoûment. La mort seule pourra nous séparer. » Kriemhilt le remercia de ces paroles ; elle en était profondément touchée.

On fit avancer les haquenées, car ils voulaient partir. Que de larmes versées par des amis ! Uote la très riche et mainte belle jeune fille montrèrent combien elles regrettaient dame Kriemhilt.

Elle emmena avec elle cent riches vierges, vêtues ainsi que cela leur seyait. Les larmes coulèrent de leurs yeux brillants. Elle connut encore la joie, depuis lors, auprès d’Etzel.

Le sire Gîselher et Gêrnôt aussi vinrent avec leur suite, ainsi que l’ordonnait la courtoisie, afin d’accompagner leur sœur chérie. Ils conduisaient au moins mille fiers guerriers d’entre leurs hommes.