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Gunther » le brave guerrier : — « Si vous avez le sens droit, vous vous en garderez soigneusement : quand même elle le voudrait, n’y consentez jamais. »

— « Pourquoi donc n’y consentirais-je pas ? répondit Gunther. J’accéderai très volontiers à tout ce qui pourra faire plaisir à la reine, car elle est ma sœur. Nous devrions aller au devant de tout ce qui peut être à son honneur. »

Mais Hagene répondit : — « Abandonnez ces propos. Si vous connaissiez Etzel, comme moi je le connais, vous en éprouveriez, et non sans motif, bien des peines et des soucis, dans le cas où elle s’attacherait à lui, ainsi que je vous l’entends dire. »

— « Pourquoi donc ? reprit le roi. Je puis très bien éviter de me rapprocher de lui, et ne pas m’exposer à souffrir de sa haine, quand même elle deviendrait sa femme. » Hagene parla à son tour : — « Jamais ma bouche ne vous donnera ce conseil. »

On fit quérir Gêrnôt et Gîselher pour leur demander s’il leur semblait bon à tous deux que Kriemhilt prit pour époux le puissant et noble roi. Hagene le déconseilla encore, mais nul autre que lui.

Gîselher, la bonne épée des Burgondes, parla : — Maintenant, ami Hagene, vous pouvez montrer encore quelque loyauté. Dédommagez-la des maux que vous lui avez causés. Cessez de combattre ce qui peut être un bien pour elle.

« Car vous avez déjà occasionné tant de douleurs à ma Sœur. » Puis Gîselher, le héros très magnanime, ajouta encore ; — « Si elle avait de la haine contre vous, ce ne serait pas sans motif. Nul n’a jamais ravi à une femme tant de bonheur. »